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Corrigé Sujet bac ES – Annale SES 2019 – Corrigé – Dissertation

BACCALAURÉAT GÉNÉRAL, Corrigé Sujet bac ES – Annale SES 2019 – Corrigé – Dissertation, SESSION 2019 SCIENCES ÉCONOMIQUES ET SOCIALES Série : ES

Durée de l’épreuve : 4 heures – Coefficient : 7

L’usage de la calculatrice est strictement interdit.

Dissertation
L’école est-elle le seul déterminant de la mobilité sociale ?

Remarques préliminaires sur le sujet :

C’est sujet classique avec une formulation ouverte permettant une mobilisation assez large de connaissances. La formulation nécessite toutefois une certaine rigueur pour éviter de ne traiter que partiellement du sujet.

La conclusion doit permettre de répondre à la problématique en synthétisant les idées principales et en proposant une ouverture qui prolonge la réflexion. Le développement doit être équilibré entre la première et la deuxième partie. Il faut essayer le plus possible d’appliquer la méthode AEI (j’affirme, j’explicite, j’illustre).

Dissertation

Depuis les années 1970, l’école a connu deux évolutions significatives : une massification (de plus en plus de jeunes accèdent à une formation et de plus en plus longue) et une démocratisation (d’une école réservée à une élite nous sommes passés à une école qui accueille l’ensemble des jeunes).
La mobilité sociale désigne le fait de changer de position sociale (d’emploi notamment).
Elle peut être intragénérationnelle (au cours de sa vie) ou intergénérationnelle (par rapport à ses parents). Elle peut être ascendante ou descendante.

L’école favorise-t-elle la mobilité sociale ou bien au contraire est-elle facteur d’immobilité, de reproduction sociale ? Est-elle la seule à influencer les trajectoires sociales des individus ? Dans quelle mesure l’évolution des emplois, la famille jouent-ils aussi un rôle ?

En 2013-2015, plus de 50 % des jeunes âgés de 25 à 29 ans ont eu accès à l’enseignement supérieur et près de 45 % détiennent un diplôme d’enseignement supérieur, ces chiffres étant respectivement de 40 % et 30 % pour les enfants d’employés ou d’ouvriers (document 1).
Ces proportions sont en augmentation par rapport à la période 2003-2005.

En 2014, 68 % des cadres supérieurs détenaient un diplôme supérieur à bac+2, ils étaient même au total 83 % à détenir un diplôme de l’enseignement supérieur.
Alors que seulement 20 % des employés détenaient un diplôme de l’enseignement supérieur et 6 % des ouvriers (document 3).
Nous pouvons remarquer aussi l’évolution de la structure des emplois des femmes (document 2). Elles sont de plus en plus nombreuses à accéder à la catégorie des cadres (13,5 % des femmes âgées de 30 à 59 ans en 2014 et 2015 pour seulement 3,8 % de cadres parmi leurs mères).
Cette tendance s’observe aussi parmi les professions intermédiaires.
Ces évolutions sont à relier à l’évolution de l’école.

Si un peu plus de 50 % des jeunes de 25 à 29 ans a eu accès l’enseignement supérieur en 2013-2015 (et 45 % détenaient un diplôme de l’enseignement supérieur), ils étaient près 75 % dans ce cas parmi les enfants de cadres et professions intermédiaires (et près de 65 % détenaient un diplôme de l’enseignement supérieur).

Pierre Bourdieu pointe les différences de réussite scolaire en fonction de l’origine sociale.
Il explique cette tendance par les différences de dotation en capital culturel des enfants en fonction de leur origine sociale.
L’école, par ses pratiques, valorise le type de capital culturel détenu par les enfants issus des classes dominantes (pratique de la lecture, de l’écrit, fréquentation des musées…). Elle tend donc à transformer « ceux qui héritent en ceux qui méritent ».

Raymond Boudon a tenté notamment d’expliquer pourquoi, à niveau scolaire comparable, les trajectoires des enfants au sein de l’institution scolaire étaient différentes selon leur origine sociale.
Il explique cela par rapport aux stratégies des familles au moment des choix d’orientation. Le choix de poursuivre les études dépend de l’origine sociale. Plus l’enfant s’éloigne relativement du niveau de formation de ses parents, plus la probabilité qu’il poursuive ses études diminue ou alors dans des formations courtes. Au contraire, plus les parents ont un niveau de formation élevé, plus ils pousseront leur enfant à poursuivre ses études afin qu’il atteigne un niveau au moins équivalent pour éviter notamment un certain « déclassement ».
Cela peut ainsi expliquer les écarts dans l’enseignement supérieur observé dans le document 3.

En parallèle de l’évolution de l’école, l’évolution des emplois influence aussi les trajectoires des individus. Ainsi, certaines catégories voient leurs effectifs se réduire (comme pour les agriculteurs, document 2), poussant « mécaniquement » les enfants d’agriculteurs à changer de catégorie sociale et à connaître une mobilité sociale. À l’inverse, les effectifs d’autres catégories (cadres, professions intermédiaires, document 2) accueillent de plus en plus d’actifs produisant ainsi le même effet de mobilité « structurelle ».

L’école joue un rôle central dans la mobilité sociale ou dans l’immobilité sociale. Elle n’est toutefois pas la seule à intervenir.
L’évolution des emplois et les stratégies familiales au moment des choix d’orientation jouent aussi un rôle.
Nous pourrions alors nous interroger sur le rôle que pourrait jouer l’État pour modifier les comportements pour tendre vers plus de justice sociale.Afficher la suite

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